La Fleur Inverse (sur Youtube, version audio intégrale, composition extraite de mon dernier Cd French Keys) est un thème modal construit autour d’une couleur mineure (La mineur pour le thème principal), et utilisant diverses extensions.
L’accompagnement harmonique est très dépouillé (2 notes seulement la plupart du temps), et le tempo très lent (moins de 40 à blanche).
Le titre La Fleur Inverse est aussi celui d’un poème du troubadour Raimbaut d’Orange. Celui-ci, bien que datant du XIIè siècle, s’avère étonnamment moderne par sa forme (la sextine, chère à Raymond Queneau!) qui utilise des permutations de rimes très élaborées.
En voici un extrait, sachant que ce poème ne se laisse pas aisément réduire ni résumer.
Car le monde ainsi j’inverse
Que plaines me semblent tertres,
Je tiens pour fleur neige et givre
Et pour chaud le froid qui tronque,
L’orage m’est chant qui siffle
Et feuillues me semblent ronces.
Si lié ferme suis à Joie
Que rien ne vois qui me soit traître.
Que plaines me semblent tertres,
Je tiens pour fleur neige et givre
Et pour chaud le froid qui tronque,
L’orage m’est chant qui siffle
Et feuillues me semblent ronces.
Si lié ferme suis à Joie
Que rien ne vois qui me soit traître.
La musique de La Fleur Inverse n’est pas basée sur la structure de la sextine. Mais elle joue avec des échos sans cesse changeants entre harmonies et mélodie. C’est ce qui m’a suggéré ce titre.
Curieusement ce thème m’a été inspiré par le très beau thème de l’Impromptu du Concerto pour piano op 13 de Benjamin Britten (interprété ici par Sviatoslav Richter). En réécoutant aujourd’hui ce dernier, la parenté ne me semble pas évidente ! Mais les voies de l’inspiration sont impénétrables 😉