DÉCONFINONS LES QUATUORS À CORDES DE D. CHOSTAKOVITCH

Dimitri Chostakovitch

Diffusées avec réticence, voire mises sous le boisseau sous le régime soviétique, ces œuvres, bien que connues dans le monde des quatuors à cordes, n’ont pas atteint une large audience en Occident. En cet été caniculaire, ce souffle musical venu de la Russie du XXè siècle pourra rafraîchir les oreilles de nombreux mélomanes.

Ces 15 quatuors (certains relativement longs) font partie de ces monuments imposants que l’on hésite parfois à aborder.
Mais si l’on a un peu de curiosité, il y a là matière à beaucoup de découvertes car la trajectoire du compositeur s’avère unique et distincte de celles d’autres compositeurs de son époque. Contrairement à Prokofiev ou à Stravinsky, Chostakovitch (1906/1975) a très peu voyagé en Occident. C’est ancré dans sa Russie natale qu’il a imaginé et développé son univers.

Dans sa musique, ce compositeur a été constamment tiraillé entre son adhésion sincère à l’idéal communiste des débuts et l’ostracisme dont il fut par la suite victime, de la part du régime soviétique; tiraillé également entre son intérêt pour les cultures populaires russes ou juives, une ouverture vers les expérimentations de la musique occidentale du XXè siècle, et les exigences du réalisme soviétique. Moins radicale que la musique sérielle, sa musique s’enracine dans une certaine tradition russe mais s’ouvre à des techniques très diverses, le tout servi par une savoir faire éprouvé.

Écrits dans la dernière partie de sa vie, on a voulu voir dans ces 15 quatuors une sorte de journal intime du compositeur. Les citations, les messages cryptés y abondent. Mais, au delà de cet aspect parfois anecdotique, on peut aussi s’en tenir simplement au plaisir que procure l’écoute d’un univers musical unique. Et, aux détours de passages dramatiques ou burlesques, on y découvrira un mélodiste très original et un maître du contrepoint.

Sur internet, de nombreux liens facilitent l’entrée vers cette musique.

Tout d’abord, l’ensemble des quatuors est disponible sur youtube en version audio + score. (Cliquer sur l’image ci-dessous)

Si l’on est anglophone, on pourra aussi se référer à ce site, très bien documenté :
http://www.quartets.de/articles/comparison.html

Ce site propose une sélection d’extraits à découvrir.

Voici pour ma part, ceux que j’ai envie de citer :

Le quatuor 8 (le plus connu)

Le quatuor 7 (le plus court; écouter les 2 premiers mouvements)

Le quatuor 15 (le tout dernier, d’une écriture très épurée). Écouter le premier mouvement, très beau mais très lent ! (déprimés, s’abstenir ;-))

Et pour terminer le quatuor N°2 que j’avais découvert grâce au film La Petite prairie aux Bouleaux de Marceline Loridan, film dont la B.O utilisait également ma composition Balkis

     (à écouter ici).

 

Dans ce quatuor N°2, Chostakovitch s’avère un mélodiste exceptionnel.

(écouter le 2è mouvement à 8’40)